Sous Kim Jong Un, trois personnes, c’est une foule.

Daily NK a appris que Pyongyang venait
d’interdire les rassemblements de plus de deux personnes, ce alors que les
Nord-Coréens sont de moins en moins réticents, en petits groupes, à exprimer
leurs critiques à l’égard du pouvoir.

Une source de la province de Pyongan du Sud a
déclaré jeudi à Daily NK que « ces temps-ci, dès que tu t’assois à côté de
quelqu’un, tu vas te mettre à évoquer plutôt ouvertement le fait que les choses
vont mal en ce qui te concerne, ou que la situation économique empire. Compte
tenu de l’amplification de ces critiques négatives, l’État a récemment décidé
d’interdire les « discussions non nécessaires » et le fait de
« s’asseoir à plus de deux personnes. »

Les habitants comparent la période actuelle à
la difficile période des années 1990, et disent que « rien n’a changé
depuis » ou que « les choses sont plus ou moins pareilles », a
ajouté la source. Ceux qui mettaient leurs espoirs de changement dans Kim Jong
Un se plaignent désormais du fait qu’ « il s’est contenté de paroles,
mais [qu’] aucun problème n’a été résolu. »

Selon la source, « les anciens qui se
retrouvent de temps en temps dans les parcs qualifient la sécheresse continue
et les pénuries de nourriture qu’ils subissent depuis l’arrivée au pouvoir de
Kim Jong Un de « punition du Ciel ». Ils accusent Kim Jong Il et Kim Jong
Un d’être responsables du manque de changement dans
l’état actuel du pays depuis deux décennies, deux dirigeants dont ils pensent
qu’ils n’auraient jamais dû accéder au pouvoir, a ajouté la source.

Certains pans de l’économie nord-coréenne se
sont améliorés, comme la stabilité des prix. Mais le sentiment général se
détériore, selon la source. Certaines personnes font état de la similarité
frappante, pour ce qui est des pénuries de nourriture, entre l’actuel et le
précédent régimes, les deux phases de pénuries ayant débuté précisément peu de
temps après l’arrivée au pouvoir de Kim Jong Il et de Kim Jong Un.

« Compte tenu de l’amplification de ces
récriminations, les cadres du parti au niveau des districts et des
municipalités ont ordonné aux chefs des inminban (les unités populaires)
d’interdire aux gens de se rassembler et de discuter de leurs situations
personnelles », a précisé la source. Ceci vaut également pour les usines,
dans lesquelles l’encadrement veille à ce que les employés prennent des pauses
courtes et reprennent le travail rapidement. Toutefois, les gens, pour lesquels
« rien n’a changé depuis dix ans », demeurent plutôt indifférents à
cette interdiction,.