L’immobilier en plein boom à Sinuiji

Le marché immobilier dans la région
stratégique de Sinuiji est en plein boom. Certains appartements se vendent même
jusqu’à 30.000 US$, a appris Daily NK.

 

« Le développement immobilier à Sinuiji a
été intense ces deux dernières années » a déclaré mardi à Daily NK une
source de la province. « Depuis juillet-août, des gratte-ciel sont en
cours de construction dans le quartier de Chaeha-dong. » La construction
de ces appartements est financée par des investissements conjoints
d’entreprises d’import-export et des donju (la nouvelle classe possédante)
selon la source. Afin de laisser la place au projet, le marché de Chaeha, le
plus grand de la ville, a été déplacé dans le quartier de Namsang-dong.

 

Bien que la propriété privée demeure illégale
en Corée du Nord, le gouvernement, contraint par les difficultés économiques,
accorde son tacite consentement à ces projets, encourageant de la sorte un peu
plus le commerce illicite grandissant du fait d’un marché immobilier en pleine
expansion.

 

Dans les zones comme Sinuiji, qui fait face à
la Chine, on ne compte plus les gens prêts à acheter une propriété dont ils
savent que le prix continuera d’augmenter. Les appartements situés à la place
du marché de Chaeha font environ 100 mètres carrés, et sont construits avec des
matériaux provenant exclusivement de Chine. Le complexe, situé près des douanes
de Sinuiji, offre par ailleurs des options de transports très pratiques, qui
garantissent les prix relativement élevés, a expliqué la source.

 

Les appartements dudit complexe sont de trois
sortes, selon leur finition. « S’il n’y a que les murs, le prix atteint
20.000 US$. Si l’intérieur est terminé, c’est 25.000 US$. Et si l’on ajoute les
détails décoratifs, cela peut monter jusqu’à 30.000 US$ ». Sur les marchés
nord-coréens, le dollar s’échangeait le 7 janvier à 8,000 wons.

 

Les ouvriers affectés au chantier viennent
d’entreprises d’État. Les « travailleurs 8.3 », bénéficiant d’une
expertise particulière, sont également présents. Le terme « 8.3 » tire
son nom du système permettant aux ouvriers de gagner de l’argent en dehors des
entreprises d’État dans lesquelles ils sont contraints de travailler. Ces
ouvriers payent leurs taxes à l’employeur (l’entreprise d’État à laquelle ils
sont rattachés) mais peuvent conserver une partie des profits. En l’occurrence,
les « travailleurs 8.3 » sont répartis en groupes de cinq à huit
personnes, et chargés des travaux de maçonnerie ou de couverture sur le
chantier.

 

Quant aux compensations, les
« travailleurs 8.3 » concluent un accord salarial avec le
constructeur du complexe, affilié à l’entreprise d’import-export. Le travail a
lieu 24/24h. Comme le dit la source, « le temps, c’est de l’argent ».
Elle ajoute qu’un ouvrier reçoit entre 30.000 (3,75 US$) et 50.000 wons (6.25
US$) par jour ainsi que des rations et les repas.

Pour ce qui est des investisseurs par contre,
le retour sur investissement est particulièrement prometteur. « Si un
individu investit dans l’un des projets immobiliers de ces entreprises, il
reçoit 30% des profits de la vente » a expliqué la source.

 

Les membres de la nouvelle classe aisée – les
donju – investissent dans ce type de projets immobiliers via ces entreprises
car le ministère de la Construction ne leur permet pas de se lancer eux-mêmes
personnellement. Bien que parfois, ces investissements prennent la forme de
prêts aux entreprises de construction – aux taux d’intérêt élevés – cette
méthode est moins populaire pour la simple raison que les donju ne sont pas
certains de récupérer leur mise ; d’autant qu’aucune loi n’existe pour
encadrer ces transactions toujours officiellement illicites au regard du droit
nord-coréen. Cela conduit dès lors la plupart des donju à préférer la sécurité
et la stabilité en investissant dans les propriétés, dont ils récupèrent 30%
des profits de la vente. C’est également pour cette même raison que la source
pense que ces investissements vont continuer à croître. Elle ajoute que les
cadres du parti et les donju continuent d’acheter des logements, certains en
acquérant même deux ou trois en utilisant les noms des membres de leur famille pour
en garantir l’utilisation future.

 

Dans le même temps, les habitants du quartier
de Chaeha-dong résident dans les dortoirs de l’université de méd
ecine ou chez leurs proches. Selon la source, ces personnes
temporairement déplacées, qui constituent par ailleurs un pourcentage
disproportionné des résidents du complexe, emménageront gratuitement dans les
nouveaux logements une fois ceux-ci terminés.