Quand la qualité de membre du Parti perd de son lustre

Alors que l’économie de marché continue de
s’étendre lentement en Corée du Nord, l’autrefois convoitée qualité de membre
du Parti des Travailleurs perd désormais de son attrait, compte tenu du fait
que ses membres sont soumis à plus de restrictions que ceux qui ne le sont pas.
Entre les activités auxquelles ils sont astreints dans les sociétés d’État et
les activités organisées par le parti, il ne reste que peu de temps aux gens pour
vendre des biens sur les marchés, a appris Daily NK.
 

“Pour devenir cadre, il faut avoir une
carte de membre du parti, mais une fois obtenue, cette qualité de membre du
parti devient un obstacle pour faire des affaires. Par conséquent, le nombre de
personnes souhaitant devenir membre du parti a dramatiquement chuté”, a
révélé mercredi à Daily NK une source de la province de
Pyongan du Sud. “Et du fait de cet effondrement, les pots-de-vin
auparavant requis pour garantir l’adhésion ont eux aussi chuté, de plusieurs
centaines de dollars à à peine la somme requise pour acheter de la viande de
lapin.”

Les membres du parti font l’objet de plus de
restrictions lorsqu’ils s’agit de faire des affaires, et le risque persistant
d’être victime d’une purge met les gens mal à l’aise, a expliqué la source.
“Si vous ne venez pas au travail, ou si on vous accuse d’activités
“anti-socialistes” parce que vos affaires sont trop importantes, en
tant que membre du parti, vous devez payez un pot-de-vin bien plus important
qu’un simple citoyen. Si vous êtes exclu du parti, vous faîtes l’objet d’une
surveillance plus grande encore que les habitants qui ont quant à eux été
incarcérés dans les camps de rééducation. Donc être membre du parti n’est plus
du tout populaire.”

Les gens qui ne sont pas membres du parti ne
font pas face aux mêmes problèmes, et demeurent relativement libres de mener
leurs affaires, selon la source. Certaines personnes disent désormais que la
qualité de membre du parti n’a plus aucune valeur, sauf pour garantir l’accès à
un poste de cadre haut placé. “N’en devenez surtout pas membre !”
affirment certains, d’autres allant même jusqu’à dire que “même les chiens
ne seraient pas intéressés”, selon la source.

“Avec la baisse de popularité de la
qualité de membre du parti, c’est également le statut de secrétaire du parti
qui perd de son aura”, a continué la source. “Les secrétaires
constatent que les rentrées d’argent se tarissent et en viennent à suggérer que
même les travailleurs rejoignent le parti.”

Alors que par le passé, les citoyens issus des
familles pauvres ou bénéficiant d’un mauvais songbun (les antécédents
politiques de la famille et de loyauté à l’égard du régime) devaient
s’acquitter de centaines de dollars en pots-de-vin pour devenir membre du
parti, désormais, un simple verre autour d’un repas de viande de lapin suffit
pour acheter cette adhésion, selon la source.

Avec ce revirement, les secrétaires du parti
imaginent de nouvelles façons de collecter des bakchichs. “Pour ceux des
membres du parti qui ont une activité sur le marché, ils leur permettent de
manquer les événements organisés par le parti ou leur disent qu’ils ont payé
leur cotisation et en retour leur demandent de graisser la patte”, a
conclu la source.