Les étudiants découvrent la liberté en vivant en studio

Les étudiants
Nord-Coréens qui, habituellement, vivent en chambres étudiantes, choisissent de
plus de plus de s’installer dans des studios. Ceux-ci ont la particularité
d’être aménagés chez d’autres membres de leur famille vivant à proximité de
l’université. Ainsi, ils peuvent plus librement regarder séries télévisées et
films sud-coréens sans être sous la surveillance constante de l’État.

« Le
nombre d’étudiants vivant dans des studios meublés et équipés est en
hausse », d’après une source dans la province nord du Pyongan.

« Les aménagements y sont de meilleur
qualité et être en studio leur permet de contourner les restrictions concernant
les films, séries et autres CD venant de Corée du Sud, utilisés pour
l’apprentissage et la découverte des langues et cultures
étrangères. » 

Cette tendance est
confirmée par d’autres témoignages recueillis dans deux autre provinces, qui ne
seront toutefois pas révélées pour des raisons de sécurité.

« Les
autorités universitaires limitent l’usage des téléphones portables au sein des
campus et résidences car très souvent les étudiants les utilisent pour regarder
des séries et des films sud-coréens » a ajouté notre source. C’est pour
tenter d’éviter cette restriction que les étudiants quittent leurs chambres
afin de trouver un autre type de logement.

Cette réglementation
plus sévère a freiné les échanges illégaux de médias étrangers qui se faisaient
couramment entre étudiants par bluetooth sur leurs téléphones.

En outre, l’utilisation
de matériel ou de document non prescrit par l’université est formellement
interdite, même s’il a été acheté légalement dans le commerce. Si des étudiants
se font prendre en possession de ce type de biens, non seulement les CD et
livres non autorisés sont saisis, mais leurs possesseurs se retrouvent placés
sur la liste de surveillance du Département de Sécurité de l’État.

Afin de mieux comprendre
ce nouveau phénomène, il faut préciser que les étudiants Nord-Coréens peuvent
être grossièrement classés en trois groupes : les étudiants qui font le
chemin depuis chez eux, ceux qui viennent d’autres régions mais vivent avec
d’autres membres de leur famille, et ceux qui vivent en résidence
universitaire. Les étudiants qui viennent d’autres régions ont la possibilité
de vivre en studio s’ils parviennent à prouver que celui-ci fait partie de la
résidence d’un parent proche.

Comme
l’on pouvait s’y attendre, cela a poussé des étudiants qui n’ont pas de famille
à proximité de l’université à payer des pots-de-vin pour recevoir une
autorisation les déclarant en lien avec les personnes chez qui ils avaient élu
domicile. Cette autorisation doit obligatoirement venir du bureau s’occupant de
la circonscription en question, du Ministère de la Sécurité du Peuple, du
Département de la Sécurité de l’État et de l’université.

Du fait de
l’augmentation du nombre d’étudiants cherchant à échapper aux règles
étouffantes de la résidence universitaire, de plus en plus de familles
acceptent de se faire passer pour de proches parents de ces jeunes gens,
surtout par appât du gain.

 Ces
faux parents soudoient alors les bureaux concernés, dont certains ont déjà reçu
de l’argent de la part des étudiants, puis présentent à ces derniers les
documents définitifs. Un par un, les étudiants se rendent ensuite au
département universitaire concerné afin de recevoir le dernier sceau
d’approbation avant de déménager – souvent payé à hauteur de dix paquets de
cigarettes, soit l’équivalent de 10kg de riz selon notre source.

Le
loyer de ces studios équipés d’un lit et d’une cuisinière, s’élève généralement
à 75 000 wons nord-coréens environ (soit 9,2 dollars américains), ce qui
équivaut à peu près à 15kg de riz. Ceux qui désirent y vivre en internat payent
un surplus pour les repas, et ceux qui souhaitent réduire leurs frais partagent
leur logement. Quant au mode de paiement, il a récemment changé : d’un
mode de paiement différé à la fin du mois, il est passé à un pré-paiement en
début de mois. 

*Le contenu de cet article a été diffusé aux
Nord-Coréens par Unification Media Corp.