Des téléphones volés au marché noir

En Corée du Nord aussi on fait du business au
marché noir de téléphones portables « perdus ». Ces téléphones
utilisés par quelqu’un d’autre que leur propriétaire sont appelés « Daepo
phone ». Le nombre d’utilisateurs de téléphones portables est en pleine
augmentation en Corée du Nord, et le vol pour la redistribution sur les marchés
noirs devient un réel problème.

Le 8 avril, une source de Daily NK située
dans la province du Hwanghae du Sud transmet : « Les pick-pockets
opèrent dans les trains. Ils sont tellement rapides que les gens ne se rendent
même pas compte que leur téléphone a disparu. La plupart sont des Kogebi (enfants
SDF) entre dix et vingt ans, mais il y a aussi des soldats réformés. Ils
repèrent à l’avance les sacs des voyageurs susceptibles de contenir des biens
et passent à l’action lors des pauses-repas ou des coupures d’électricité ».

La source a aussi ajouté que les
possesseurs de téléphones portables sont les premières cibles des pick-pockets
car un téléphone portable coûte au minimum 300 dollars sur le marché régulier.

« Malgré les mesures de sécurité mises
en place, les vols ne diminuent pas car il y a de plus en plus de revendeurs et
de pick-pockets qui veulent ces téléphones qui rapportent énormément sur le
marché noir ».

Selon la source, les téléphones volés sont
trouvables à un prix tellement bon-marché que de plus en plus de gens s’en
procurent. Cependant, si la trace du téléphone est retrouvée, son nouveau
propriétaire –ignorant que son achat était tombé du camion- est considéré comme
criminel.

« Récemment un homme d’une quarantaine
d’années a été envoyé en camp de travaux forcés pour son
« crime » d’avoir acheté un téléphone volé. Un fonctionnaire de
Pyongyang avait signalé avoir été
volé dans le train. Les forces de sécurité
ont réussi à retracer des signaux émis par le téléphone et ont attrapé ce
quarantenaire de province. L’homme avait pourtant acheté le téléphone pour 400
dollars au marché de l’électronique, ignorant qu’il avait été volé ».

Le numéro d’appareil des téléphones Pyongyang
est F107, celui des téléphones Arirang est F104. Si l’on connait le numéro
d’appareil et le numéro de téléphone, on peut trouver la position de
l’utilisateur. « C’est pour cela que beaucoup de gens préfèrent ne pas
avoir leur téléphone sur eux. Ils ne veulent pas se sentir traqué » ajoute
la source.

« Quand l’homme a été embarqué par la
police, il a demandé quel avait été son crime pour être envoyé en camp de
travail et il a insisté en criant que l’on retrouve le vrai voleur mais les
autorités n’ont pas voulu l’entendre. Quand le peuple déclare des vols de
téléphone, les fonctionnaires ne bougent pas un petit doigt. Mais quand c’est
un cadre du Parti qui déclare un vol, ils retracent le téléphone coûte que
coûte afin d’être récompensé pour leur efficacité et leur résultat productif ».