La Corée du Nord utilise des appareils à la
pointe de la technologie afin d’améliorer la surveillance et la détection des
mobiles et ainsi empêcher que des informations ne soient diffusées hors des
frontières. Plus grave encore, ces nouveaux appareils viennent renforcer
l’arsenal répressif déjà particulièrement sévère visant toute personne prise en
train de passer un appel vers l’étranger, un acte strictement interdit par la
loi nord-coréenne.
Une source du comté de Musan, dans la province
du Hamgyŏng du Nord, a déclaré à Daily NK ce 5 mars que « les peines pour
les appels vers l’étranger ont été renforcées. Une personne interpellée pour la
première fois se voit infliger de « stricts avertissements », selon
les nouvelles mesures, ainsi qu’une amende. Tout récidiviste est condamné à une
peine minimum d’un an de travaux forcés. Les officiels de l’antenne locale du
ministère de la Sécurité du Peuple (MSP) ont annoncé ces nouvelles mesures lors
des rassemblements régionaux d’inminban (unités populaires) et dans les
entreprises d’État. Ils ont précisé que quiconque passerait de tels appels vers
l’étranger serait inévitablement repéré grâce à un système ultradéveloppé
d’enregistrement vocal (permettant d’enregistrer tant le contenu que les voix
des participants à la conversation) qui accompagne ces nouveaux
appareils. »
30 habitants ont déjà été interpellés.
« Le nombre de personnes arrêtées pour avoir passé des appels vers
l’étranger s’élève à 30 depuis l’annonce de la nouvelle politique pénale »
a expliqué la source, qui a ajouté que les récidivistes
interpellés seront certainement envoyés en camp de rééducation et utilisés par
le régime comme exemples.
Cette action intentée par les autorités est la
dernière en date dans la perpétuelle bataille qu’elles mènent pour éradiquer
l’usage de téléphones illégaux par des habitants qui mettent au point d’innombrables
moyens d’éviter ces interdictions.
Comme l’a récemment révélé Daily NK, des
détecteurs d’ondes radio de fabrication allemande, et passablement chers, ont
été déployés le long des frontières, en remplacement des modèles de fabrication
chinoise, afin d’empêcher les riverains de téléphoner vers l’étranger. Ce
déploiement s’est accru de façon exponentielle, les détecteurs allemands
remplaçants les antiques modèles chinois sur toute la frontière selon la
source, laquelle a ajouté que « jusqu’à l’année dernière, on pouvait aller
sur les collines ou dans les villages voisins pour passer un appel, mais
désormais, il faut marcher au moins trois heures dans la montagne afin de
pouvoir téléphoner. En conséquence, le prix des téléphones mobiles de fabrication
chinoise a été multiplié par quatre, passant de 40.000 wons (5 dollars) à
environ 100 yuans.
De façon prévisible, les riverains
insatisfaits expriment leur mécontentement à l’égard de l’État, plus enclin à
arrêter ses citoyens qu’à améliorer leurs vies. La source, évoquant des
sentiments qu’elle dit être emblématiques de la majorité de la population, a
expliqué que ce ressentiment ne fera qu’exacerber une culture de la corruption
déjà omniprésente, et conclu en ajoutant que « les gens pointent le fait,
de façon sarcastique, que dix soldats ne suffisent déjà pas pour éloigner un
seul voleur. Les gens finiront par trouver de nouveaux moyens d’éviter la
répression. »
