Les officiels de la Sécurité d’État de la
province de Ryanggang ont intensifié « l’éducation » des habitants
des zones frontalières auxquels des autorisations temporaires sont délivrées,
leur permettant de se rendre en Chine afin de rendre visite à des proches.
Ainsi, il a été dit à ces habitants que « tous les Sud-Coréens sont des
espions à la solde du Service national de Renseignement (SNR) ». Cette
manœuvre est la dernière trouvaille utilisée par les autorités nord-coréennes
pour tenter d’entraver le flot d’informations sortant et entrant dans le pays.
« Les voyageurs ont fait l’objet d’une
séance d’information idéologique préalable à la section provinciale du bureau
des affaires étrangères avant leur départ pour la Chine » a déclaré le 21
novembre à Daily NK une source de la province de Ryanggang. « Il leur a
été ordonné de faire attention à ne pas tomber dans les pièges des Sud-Coréens,
qui sont des espions du SNR. »
Par le passé, les agents du MSE menaient
des sessions spéciales de formation idéologique pour les personnes visitant
temporairement la Chine, suivies par des interrogatoires poussés de ces
derniers à leur retour, lesquels prenaient toujours la forme de questions
centrées sur les potentiels ressortissants sud-coréens rencontrés sur place et,
en cas de réponse positive, sur une description détaillée. Cependant, selon la
source, les récentes mesures constituent une claire « amélioration » de ce
qui existait auparavant.
« Vous pouvez acheter des biens à un
prix plus abordable à des Sud-Coréens, mais il peut s’agir d’un piège tendu par
l’agence d’espionnage de Corée du Sud. Derrière ceux qui paraissent
sympathiques et offrent des vieux vêtements peut se trouver l’influence
diabolique des Renseignements sud-coréens, donc soyez vigilants », a-t-on
expliqué aux visiteurs.
« Afin de trouver du travail, les
visiteurs se tournent souvent vers les restaurants coréens, et y entrent alors
en contact avec des Sud-Coréens. C’est là que se trouve l’influence du SNR.
Souvenez-vous que même en Chine, votre pays vous surveille » ont alors
menacé les agents du MSE selon la source.
Beaucoup des visiteurs nord-coréens,
dépourvus des rudiments nécessaires de chinois, choisissent de travailler dans
des restaurants ou entreprises tenues par des Chinois d’origine coréenne ou des
Sud-Coréens, selon la source. Souvent, ces derniers, au courant des conditions
de vie prévalant en Corée du Nord, offrent à ces visiteurs des vêtements
d’occasion.
Le MSE, averti de cette situation, a accru
les punitions encourues par ces visiteurs au cas où ceux-ci entrent en contact
avec les « forces extérieures ». Toutefois, la source a révélé que
cela ne dissuadait pas pour autant lesdits visiteurs nord-coréens. « Les
gens pensent toujours qu’il vaut mieux avoir accès à des vêtements à prix
réduit même si cela signifie encourir une punition. »
Beaucoup le font pour rentabiliser leur
séjour. « Nous devons au moins ramener n’importe quel bien d’occasion
possible pour couvrir les coûts du déplacement »,
soulignent-ils. « D’ailleurs, quand avons-nous jamais bénéficié de ce que
le MSE nous dit de faire ? »
