Il semblerait que des officiels du ministère nord-coréen de la Sécurité d’État (MSE) de la province de Hamgyŏng du Nord contactent les familles de transfuges parvenus en Corée du Sud afin de persuader ces derniers, par la ruse, de rentrer au nord. Des agents du MSE surveillent de près les familles de transfuges disposant d’un bon songbun (degré de loyauté et historique politique familial), parfois en les contactant simplement, parfois en les menaçant, selon une source locale. Cela alors que les autorités multiplient les tentatives visant à accroître le nombre de transfuges de retour au pays.
« Ils ont intensifié leurs efforts afin de persuader la population, y compris en surveillant des membres particuliers de familles de transfuges » a déclaré la source le 12 septembre, ajoutant que « les membres du MSE visitent continuellement les domiciles des transfuges dans le but de les convaincre de rentrer. »
De la fin de l’année dernière, et jusqu’au printemps de cette année, la Corée du Nord a déplacé des zones frontalières des proches de transfuges qu’elle soupçonnait de transmettre des informations depuis le nord. Cela n’est plus le cas et à la place, les autorités ont intensifié la surveillance des familles.
La source ajoute également que sous le prétexte de délivrance de nouvelles cartes de membres du Parti, lesdits agents ont effectué de fréquentes visites aux domiciles de transfuges, visites durant lesquelles ils ont parfois contraint les proches de ces transfuges à appeler ces derniers, en Corée du Sud, afin d’accroître la pression.
« Des agents de l’unité provinciale de contre-espionnage du MSE ont effectué plusieurs visites à ce domicile » explique la source. « Des rumeurs affirment que quand des officiels viennent délivrer les nouvelles cartes du Parti, ils disent « dîtes aux membres de votre famille passés au Sud de rentrer lorsque vous leur parlerez la prochaine fois au téléphone. »
Ces agents ont menacé les familles restées au Nord, avertissant du fait qu’ « [ils] sav[ent] tout ce que vous avez dit au téléphone à ceux qui se trouvent là-bas (en Corée du Sud). » La source précise que les autorités ont même usé de tactiques d’apaisement aux mêmes fins : « ça ne sert à rien de vous mentir. Nous n’avons pas l’intention de les punir et nous leur pardonneront s’ils rentrent et s’excusent pour ce qu’ils ont fait ». Des stratégies similaires ont été utilisées lors de récents rassemblements de l’Inminban (unités populaires), ainsi que l’a rapporté Daily NK en août.
« Un résident de Hamheung a déclaré qu’ils (les agents) l’ont forcé à parler à un membre de sa famille ayant fait défection après qu’un officiel du MSE eut appelé en Corée du Sud et l’eut contraint de le faire » rapporte la source. « Heureusement, il n’y a rien eu de grave, mais la personne en question était très anxieuse durant cet événement. »
Le MSE cible les familles de transfuges ayant autrefois bénéficié de positions importantes dans la société, ou celle disposant d’un bon songbun, parce que si elles (les unités du MSE) parviennent à faire en sorte que les transfuges rentrent – grâce à cette technique de la carotte et du bâton – elles peuvent marqué des points par rapport à d’autres unités. Les gens qui ont des transfuges dans leur famille n’ont d’autre choix que d’être sur leurs gardes, tout en gardant un œil plus attentif encore sur les mouvements des agents du MSE.
Depuis l’arrivée de Kim Jong Un, les forces de sécurité nord-coréennes ont renforcé la surveillance, la répression, et les contrôles aux frontières afin d’empêcher la population de faire défection. Parallèlement, elles ont utilisé les proches des transfuges aux fins de convaincre ces derniers à rentrer. Cette dernière mesure fait partie de cet effort. Il est probable qu’elles vont utiliser les transfuges issus de familles respectables ayant décidé de rentrer comme outil de propagande, condamnant la Corée du Sud et tentant de renforcer le soutien d’une population dont la méfiance envers le pouvoir ne cesse de croître.
